S’habiller en seconde main… Mon bilan après 6 mois de défi !

Après avoir vidé mes armoires, rangé, trié, donné, revendu…le temps de 1, 2, 3 voir 4 après-midi… Avec une coach d’abord puis seule face à mes interrogations (je vous parlais dans mon dernier bilan du tri de garde-robe réalisé avec Becolors, une étape indispensable avant de partir à la découverte des boutiques de seconde main pour femmes)…je me suis mise en quête des quelques pièces nécessaires pour compléter mon dressing. L’objectif n’étant pas de remplir à nouveau mes armoires de mille choses inutiles mais bien de trouver quelques pièces sélectionnées avec soin sur base de quelques critères essentiels : les couleurs, les coupes, la qualité du tissu ou encore la fonctionnalité du vêtement (inutile avec 3 enfants de viser des fringues trop compliquées). Des pièces de couleurs claires, bleues, vertes ou pourpres ont ainsi pris progressivement la place des innombrables petits hauts noirs que je collectionnais. La différence est flagrante rien qu’en ouvrant ma garde robe.

Cette quête vers un look plus doux et lumineux m’a servi de prétexte pour partir à la recherche des bonnes adresses bruxelloises en matière de vêtements de seconde main pour femmes. Si je pratique l’économie circulaire depuis longtemps déjà pour habiller mes enfants, je ne peux pas en dire autant en ce qui concerne ma propre garde robe. Ces dernières années, mon budget fringue a même considérablement augmenté, avec cette idée qu’en me tournant vers certaines marques en particulier j’éviterais les dérives éthiques de la fast faschion, que je miserais sur du durable et que j’éviterais donc le gaspillage. Si l’investissement s’est avéré payant dans la plupart des cas, il y a eu aussi quelques déceptions à la clé. Car qui dit « marques » ne veut pas toujours dire « qualité ». Rien d’étonnant me direz-vous ! Je profite du lancement des soldes en ce début du mois de juillet pour vous faire part de mon expérience en espérant vous convaincre que s’habiller en seconde main ne relève pas totalement de l’utopie et qu’on y trouve même quelques avantages.

Premier constat : acheter en seconde main m’a forcée à revoir mon rapport au temps et à l’immédiateté des choses. Quand on habite et qu’on travaille dans une grande ville comme Bruxelles, tout est en effet a portée de main (ou presque) en matière de consommation. Et à défaut de trouver son bonheur dans une boutique près de chez soi, les plateformes de vente en ligne offrent largement de quoi éviter toute frustration latente. Mais lorsqu’il s’agit d’acheter en seconde main, les choses sont un peu différentes. D’abord, parce que le choix est forcément plus limité. Les enseignes sont moins nombreuses et leur offre dépend fortement de ce que leurs clientes sont venues y déposer. Les choses se compliquent encore si vous cherchez une pièce en particulier (comme un pantalon noir classique ou un un jeans slim adapté à la longueur de vos jambes). Il vous faudra attendre parfois plusieurs semaines pour trouver la perle rare. La seconde main a ainsi réintroduit dans ma vie le plaisir de dénicher au hasard une pièce longtemps convoitée. Indirectement, elle me libère également chaque jour un peu plus de la volonté de tout maîtriser, de ce besoin de perfection longtemps recherché. Un réel apprentissage qui ne se fait pas du jour au lendemain et qui exige de se remettre constamment en question. Une autre façon d’envisager la consommation mais bien plus largement aussi son rapport aux autres et à ses vieux démons. Il me faudra à coup sûr plus d’une année de défi pour laisser complètement de côté mes vieilles habitudes. 

Une autre notion est directement liée à l’apprentissage de la patience : celle du renoncement. Car le fait de ne pas trouver immédiatement une pièce que j’aurais sans doute achetée neuve sans réfléchir davantage à sa véritable raison d’être dans ma garde-robes, m’a poussé plus d’une fois à finalement considérer qu’elle ne me serait pas si utile que ça. Prenons un exemple très concret. Il y a trois semaines, je me suis mise en tête de trouver un sac à main de couleur claire (camel ou beige) pour accompagner mes petites tenues d’été. Je le voulais de la taille de celui que j’ai depuis deux ans déjà mais dont l’intérieur commence sérieusement à vieillir et dont la longueur de hanse ne me convient plus tout à fait. En allant voir quelques modèles sur des sites de vente de produits neufs, j’ai rapidement trouvé ce que je cherchais. Mais défi oblige, je me suis contentée de regarder et de m’en inspirer. J’ai donc entamé mes recherches dans les quelques boutiques de seconde main à proximité de chez moi mais sans y trouver mon bonheur. Je me suis ensuite orientée vers une plateforme de vente en ligne (Vinted) convaincue que celle-ci m’offrirait un large choix de sac répondant à mes critères… trop large en réalité pour pouvoir s’y retrouver sans y passer plusieurs soirées. Je me suis donc concentrée sur quelques marques en particulier et j’ai fini par trouver la perle rare. Du moins c’est ce que je croyais. Car une fois arrivé, le sac s’est avéré beaucoup plus petit que ce que je recherchais. Entretemps, près de deux semaines s’étaient écoulées. J’ai alors ressorti le sac dont je comptais initialement me séparer et je me suis demandée si tout compte fait je ne pouvais pas tenter de le remettre à neuf. J’ai donc consulté quelques forum sur le sujet et je me suis lancée dans un grand nettoyage du tissu intérieur à coups de savon H20 et de brosse à récurer. Je suis également allée faire raccourcir la hanse trop longue chez le cordonnier. Résultat : me voilà avec un sac parfaitement adapté à mes besoins, presque comme neuf !  Morale de l’histoire : il aura fallu quelques heures de recherches inutiles et un achat loupé pour que je réalise que j’avais une solution bien plus rapide et bien moins cher à portée de main. Ah, consommation compulsive quand tu nous tiens!!!!

Autre changement de paradigme : j’ai accepté l’idée qu’il n’était pas totalement incongru d’acheter des vêtements de seconde main au prix de certaines enseignes qui proposent du neuf, en particulier lorsqu’il s’agit de se rendre dans des boutiques qui proposent un réel service. Car derrière le sourire de sa propriétaire, il y a un travail de sélection, de tri et de présentation, un loyer à payer et un local à chauffer. Parce que tout ces efforts vous permettent de ne pas devoir attendre la prochaine brocante de quartier, de ne pas devoir affronter les stands de cette même brocante sous la pluie et de pouvoir vous assurer de trouver des vêtements qui répondent à vos critères de qualité. Parce que les horaires de la boutique vous permettent d’y aller quand ça vous arrange et parce qu’il y a une petite licorne derrière qui alimente son compte Instagram et sa page Facebook avec des photos des nouvelles pièces pour que vous puissiez toujours trouver votre bonheur. De la même manière, je n’accepte pas de payer en brocante des prix trop élevés car je considère que la plus-value n’est pas la même que celle apportée par un professionnel. Je sais par ailleurs ce que vaut la location d’un emplacement et l’effort qui me sera demandé pour fouiller dans les caisses avant de trouver la perle rare. Enfin, je considère que la négociation est un sport comme un autre qui a plus que jamais sa place dans un rapport de particulier à particulier.

De manière générale, si mon budget vêtements a largement régressé depuis le début de l’année (en grande partie grâce à la diminution du nombre de mes achats), le prix maximum que je suis prête à payer pour une pièce en boutique n’a pas forcément beaucoup évolué. Avec au moins deux  avantages à la clé : la possibilité d’avoir accès à des vêtements de grandes marques pour 1/10ème de leur prix d’origine (comme c’est le cas pour mon petit chemisier à pois Yves Saint Laurent acheté chez Isabelle Bajart) et le plaisir de porter des pièces presque uniques qui ne sont plus vendues en magasin depuis un certain temps déjà.

Enfin, une très bonne surprise : l’offre de vêtements de seconde main pour femmes à Bruxelles existe et se veut résolument protéiforme. Le problème c’est surtout de s’y retrouver et de repérer les enseignes qui répondent le mieux à vos besoins. Car il y a de tout en matière de style, de budget et de projet. En ce qui me concerne, j’aime l’idée de diversifier les endroits où je peux m’habiller, notamment pour dénicher des choses très différentes en fonction du type de boutiques. Cela me permet également de varier les plaisir en choisissant mes tenues le matin. Après quelques semaines de recherche, j’ai identifié cinq types de filières différentes pour faire son shopping en seconde main dont je vous parle aujourd’hui : les boutiques Vintage, les boutiques d’économie sociale, les boutiques « tendance », le secteur du seconde main de luxe ainsi que les brocantes, vide dressing et sites de vente en ligne entre particuliers.

1) Les boutiques Vintage

S’habiller en seconde main peut-être l’occasion de changer de style, de tester des tenues improbables ou de se découvrir une passion pour les jupes patineuses et les robes crayon des années cinquante. Mais soyons honnête, ce genre de tenue ne convient pas à tout le monde et il faut avoir l’oeil bien aiguisé pour être capable de dénicher la perle rare qui vous donnera juste ce qu’il faut comme petit air de Marlene Dietrich sans pour autant avoir l’impression de vous travestir complètement. Bref, si il m’est déjà arrivée de trouver des choses dans des boutiques Vintage, je reste extrêmement prudente dans ce type d’achat.

A voir : Think Twice, Gabriele, Podium Vintage.

2) Les boutiques d’économie sociale

Destinées d’abord à répondre aux besoins d’un public précarisé ou ciblant avant tout un objectif d’insertion socioprofessionnelle, ce type d’initiatives se multiplie ces dernières années dans la capitale. Dans l’absolu, je ne suis pas certaine qu’il faille vraiment s’en réjouir car si elles connaissent un succès grandissant, c’est avant tout en réponse à la paupérisation d’une part de plus en plus grande de la population, en particulier dans des grandes villes comme Bruxelles. Pour attirer une classe moyenne encore réticente à franchir leur porte, certaines enseignes tentent progressivement de se moderniser, notamment en soignant davantage la présentation des produits, en valorisant certaines pièces de marques ou en alliant esthétisme des lieux et petits prix. Autre approche : celle de l’upcycling qui consiste à réaliser de nouveaux produits à base de vêtements partiellement abîmés. Les petits riens mettent à l’honneur ce type de pratiques en organisant chaque année à l’automne un défilé dont les pièces sont composées par des stylistes belges à partir de vêtements réutilisés. Celles-ci sont mises aux enchères et les bénéfices sont ensuite intégralement reversés à l’asbl. Question style, l’avantage de ce type de boutiques c’est qu’on y trouve de tout. Et comme les prix sont particulièrement bas, vous aurez vraiment l’impression d’avoir fait une bonne affaire si vous y dénichez votre bonheur. Petit plus non négligeable : les bénéfices des ventes sont destinés à permettre le développement de projets de réinsertion socioprofessionnelle et d’économie sociale.

A voir : Cyclup , Les PetitsRiens, Oxfam-Magasins du monde.

3) Les boutiques « classiques »

Il s’agit d’une catégorie qui gagne progressivement du terrain à Bruxelles, même si le nombre de boutiques reste encore relativement limité. Sans doute parce qu’elles ciblent une clientèle bobo-bruxelloise dont l’intérêt pour la seconde main est relativement récent et pour qui ce type de consommation s’inscrit davantage dans une démarche éthique ou environnementale que pour répondre à des préoccupations financières. J’en fais partie, n’ayons pas peur de le dire. Autre frein possible : les prix affichés en magasin qui n’ont rien à voir avec ceux des friperies à caractère social ou avec ceux de la plupart des boutiques vintages et qui imposent de changer radicalement de point de vue dans son rapport au seconde main (comme je vous le disais plus haut).

A voir : Déjà Vu , Causette, Isabelle Bajart , Vêtue, Yuman, Lady Dandy

4) Le seconde main de luxe

Les boutiques de seconde main de luxe existent depuis longtemps déjà à Bruxelles. L’intérêt étant de proposer des pièces qui n’ont été que très peu portées à des prix bien plus abordables que du neuf (même si pour la majorité d’entre nous, elles restent totalement inaccessibles). Créée il y a presque 40 ans, la boutique Les Enfants d’Edouard est la plus ancienne d’entre elles. Située dans un somptueux hôtel de maître avenue Louise, elle propose plus de 2.000 vêtements, sacs, bijoux, chaussures et fourrures en parfait état. Pour être honnête, je n’ai pas encore pris le temps d’aller visiter les lieux mais rien qu’à voir les prix affichés sur leur site, j’ai déjà bien compris que je ne faisais pas partie de leur clientèle privilégiée. Le magasin Fashion Vintage Luxury situé Chaussée de Waterloo dans le quartier du Vert Chasseur ou le site LXR & co https://www.lxrco.com/fr-CA s’inscrivent également dans cette droite ligne.

5) Les brocantes, vide dressing et sites de vente en ligne entre particuliers

Loin d’être un phénomène nouveau, les brocantes et vide-dressing ont connu un essor particulier à Bruxelles ces dernières années. L’origine du concept de Vide-dressing dans sa définition actuelle (réunion entre « copines » dans un cadre privé pour vider et remplir sa garde-robe à moindre coût) remonterait à 2008 et aurait été lancé par la styliste et blogueuse parisienne Géraldine Grisey, plus connue sous le pseudonyme de PunkyB. Aujourd’hui, la pratique du vide dressing tend à se généraliser. Les réseaux sociaux jouant un rôle non négligeable dans la diffusion de ce type d’événements et la notion de « copines » ayant été largement étendue à celle de « réseau ». Des plates formes de vente en ligne ont également surfé sur la tendance en proposant de faciliter les échanges à distance entre particuliers. Je vous mentirais évidemment si je vous disais que je ne m’en sers jamais. Je reste néanmoins très critique par rapport à leur utilisation tant celles-ci invitent à reproduire exactement les mêmes travers de consommateurs que ceux auxquels nous avons été habitués depuis plusieurs années par le marché classique (notifications sur la baisse des prix de certains produits, invitation à conserver le résultats de ses recherches pour y revenir plus tard, promotions à tout va pour inciter à l’achat). Une théorie intéressante est développée par le Mooc sur la consommation collaborative dans la Mode réalisé en 2014 dans le cadre du cours « Nouvelles Formes de l’Echange Culturel » de Laurence Allard (Licence Culture et Médias) à l’Université Lille 3 : si pour les vendeuses le Vide Dressing permet de vider son placard et de récupérer de l’argent, celui-ci servira en grande partie à racheter d’autres vêtements en magasin. Loin d’être une économie parallèle concurrente des grandes enseignes, elle serait donc en partie un moteur pour le développement du marché « classique ». On est loin de l’objectif de départ que nous nous sommes fixés dans le cadre de ce défi et des considérations écologiques portées par les défenseurs d’une nouvelle forme d’économie circulaire.

Conclusion

Si s’habiller en seconde main ne relève pas de l’utopie, la démarche exige néanmoins de revoir certains paradigmes de départ. Renoncer, patienter, réparer, accepter de mettre un certain prix… autant de paramètres à intégrer qui, dans mon cas, me font avancer chaque jour vers une consommation plus douce mais qui me font surtout grandir de manière plus large et remettre en question certains fondamentaux.

Si vous souhaitez connaître plus en détail les adresses des boutiques que j’ai testées et approuvées, rendez-vous sur la page suivante : Où s’habiller en seconde main à Bruxelles ? Suivez le guide…

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