Cette année, nous avons profité des vacances de février pour prendre quelques jours de repos. Un premier city trip d’une semaine à 5 dans une ville qui n’a pas été choisie totalement au hasard puisque l’objectif était de rendre visite à la soeur de Laurent. Si les congés payés représentent sans aucun doute un progrès social inestimable dans l’histoire de notre société moderne, les séjours aux quatre coins du monde dont profite la classe moyenne et supérieure pendant ces quelques jours de détente constituent une véritable catastrophe pour la préservation de notre belle planète : transport aérien, urbanisation des côtes, exploitation des espaces verts, production de déchets et tourisme de masse…le constat est alarmant. La transition écologique passe donc aussi par un changement d’attitude dans les choix que nous faisons en matière de vacances.
1) Des vacances avec un minimum d’impact carbone
Premier point noir : le transport.
Quand il s’agit de planifier ses vacances, la question du transport constitue un élément central dans le choix de la destination et l’organisation concrète du séjour. De nombreux critères entrent en ligne de compte dans la stratégie à adopter : le coût, le temps de trajet, le confort, les commodités pour les enfants. Le problème étant que ces différents éléments entrent parfois en contradiction les uns avec les autres. La donne se complique encore si l’on doit tenir compte du fameux impact carbone. L’empreinte carbone permet de mesurer le taux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) d’un produit en équivalent carbone (ou CO²). Dans le cas d’un déplacement, il faut compter l’impact pour le trajet en lui-même mais également l’énergie dépensée pour sa mise en œuvre (la construction d’un train, l’entretien d’un avion, etc.). Aujourd’hui, de nombreux sites permettent de calculer cette empreinte et de comparer les différents modes de transport. Nous avons fait l’exercice pour nos vacances à Bordeaux en utilisant le comparateur d’écopassenger et le résultat est édifiant ! Le train est de loin le transport le plus écologique devant la voiture et l’avion. Néanmoins, plus on augmente le nombre de passagers par voiture, moins l’impact carbone qui lui est attribué est important. Par contre, le changement est quasi nul pour l’avion. Si il est devenu impossible aujourd’hui pour toute personne un tant soit peu informée d’ignorer la question de l’impact écologique du transport aérien, il faut bien reconnaître qu’il est parfois difficile de résister à l’aspect économique et pratique d’un mode de déplacement qui permet d’atteindre en quelques heures des destinations paradisiaques à l’autre bout de la terre, le tout pour des montants souvent dérisoires. Après en avoir longuement discuté à la maison, nous avons décidé de renoncer aux destinations de vacances qui exigent de prendre l’avion. Une seule exception : les trajets pour rendre visite à la famille de Laurent à la Réunion (point non négociable étant donné notre situation familiale particulière). Pour en revenir à nos vacances à Bordeaux, si l’on prend en considération l’ensemble des critères, le train constitue en réalité un excellent rapport qualité-prix :
1) Deux fois moins cher que l’avion grâce aux tarifs avantageux de la SNCF pour les voyages en familles en réservant 3 mois à l’avance. A peine plus cher que la voiture si il faut faire une étape avec les enfants.
2) Beaucoup moins long que la voiture et de même durée que l’avion si l’on prend en considération l’attente à l’aéroport et les transferts pour y accéder
3) Bien plus confortable que la voiture ou que l’avion puisqu’il est possible de jouer avec les enfants ou de se dégourdir facilement les jambes.
Approche comparative de l’impact écologique d’un voyage Bruxelles-Paris (écopassenger).
Deuxième difficulté : la gestion des pique-niques et des collations.
Peu importe l’âge de mes enfants, j’ai toujours redouté le caractère imprévisible de leur estomac. D’autant que plus la distance qui nous éloigne de la maison est importante, plus celui-ci a tendance à évoluer de manière exponentielle. Dans le meilleur des cas, je pense à prendre avec moi gourdes et biscuits en vrac pour éviter de me retrouver dans une situation ingérable. Mais pour être honnête, ce scénario idyllique n’arrive encore que trop rarement. Je finis alors coincée entre deux options dantesques : supporter pendant de longues minutes les gémissements douloureux de ma progéniture (dont l’intensité dépend de ma capacité à pouvoir les nourrir dans un laps de temps suffisamment réduit) ou acheter de manière impulsive une collation sur-emballée et bourrée de produits chimiques pour mettre fin à mon calvaire. Pour nos vacances à Bordeaux, j’avais heureusement très bien préparé les choses : contenants, gourdes, biscuits, fruits, panades de chez Into the Spoon et sandwichs pour le trajet dans le train (j’avais tellement bien anticipé que j’aurais pu nourrir une deuxième famille toute entière). Nous avions par ailleurs la chance de loger chez la soeur de Laurent qui habite au coeur du quartier des Chartrons, un quartier qui foisonnent de petits commerces proposant des produits bio et/ou locaux disponibles en version zéro déchet (ou presque).
Dernier défi à relever : éviter la question qui fâche avec les enfants, celle des souvenirs de vacances.
Dans la famille, qui dit vacances dit généralement « souvenir de vacances ». Un hamac glané sur un marché nocturne au festival de jazz de Marciac, une chaise malgache rapportée de notre voyage de noce, une jolie petite robe d’été souvenir d’un après-midi de détente entre copines, un jeux d’échec fabriqué par un petit artisan polonais… les exemples sont nombreux même si nous avons toujours attaché une attention toute particulière à ramener des objets porteurs de sens en évitant le marketing des vendeurs à la sauvette. Néanmoins, force est de constater que cette fois, personne n’a succombé à la tentation. Nous avons même été heureusement surpris de réaliser que les enfants n’avaient jamais abordé la question, comme si il était devenu évident pour eux que le principe de base était de ne pas consommer. Ils avaient d’ailleurs pensé à emporter avec eux des bocaux pour ramener un peu de sable et quelques coquillages de la dune du Pilat en guise de trésor à offrir à leur grand-mère. Quant à Laurent et moi, nous avons opté pour l’achat de 3 bonnes bouteilles de vin à déguster à notre retour.
2) Un programme pour découvrir Bordeaux en transition
Cette semaine de vacances à Bordeaux avait un caractère un peu particulier puisqu’il s’agissait du cadeau reçu par Laurent pour ses 40 ans. C’est donc lui qui avait choisi avec soin les différentes activités planifiées. Un programme à son image, proche de ses préoccupations en matière environnementale. L’occasion de voir ce qui se fait ailleurs en matière de transition écologique, de trouver des sources d’inspiration pour poursuivre ses propres combats et d’enrichir ses connaissances en la matière.
Bordeaux et la mobilité douce
L’une des premières choses qui frappe en arrivant à Bordeaux, c’est le calme étonnant qui règne dans la ville. En se promenant dans les rues, on est en effet surpris de la sérénité ambiante qui y règne, même le long des grands boulevards. Rapidement, on réalise que les voitures ne sont pas les bienvenues au coeur de la métropole qui a fait le choix de privilégier une politique de mobilité douce. Celle-ci se manifeste par la présence de nombreuses lignes de tram, le développement d’un véritable réseau de pistes cyclables, une promenade le long de la Garonne qui invite à la flânerie, qui encourage les déplacements à pied ou à vélo et qui laisse entrevoir aux touristes de quelques jours des véhicules de tous genres à faible impact écologique.
Darwin
Dès le jour de notre arrivée, nous profitons d’un beau soleil pour nous promener le long de la Garonne et aller visiter l’ancienne caserne militaire de Bordeaux reconvertie en citée idéale, tournée vers l’économie verte et décorée à base d’objets de récup. Il s’agit de près de 20.000 m² qui offrent une ferme urbaine, un skate-park, des espaces d’expression pour les grapheurs, une épicerie bio, un espace de co-working et le plus grand restaurant bio de France. Cette cité a été conçue au coeur de la construction d’un éco-quartier sur la rive droite de la ville.
Les magasins de vêtements de seconde main.
L’avantage de passer quelques jours de vacances dans la famille c’est que vous finissez toujours par pouvoir leur confier vos enfants (ou en tous cas les deux plus grands) une après-midi question de pouvoir souffler un peu. L’occasion pour Laurent et moi (et Lucien) de visiter la cité du vin et de se promener en amoureux (ou presque) dans le centre ville. L’occasion aussi pour moi de m’échapper seule pendant une petite heure pour explorer trois boutiques de seconde main repérées grâce à deux articles de blogueuses sur le sujet : Bordelaise by Mimy et New Lovers. Je n’ai finalement rien acheté mais voici le bilan de mon expédition :


La maison écocitoyenne de Bordeaux
Située de manière centrale sur la promenade qui longe la Garone, La Maison écocitoyenne est un établissement public de sensibilisation au développement durable. Ouverte aux citoyens depuis 2010, elle organise des formations, des conférences et offre de nombreux outils aux Bordelais pour mettre en place la transition écologique. Son site propose de nombreuses informations sur le sujet et invite les citoyens à relever quatre défis : le défi des familles à énergie positive, les anti-gaspi, sans ma voiture, les juniors du développement durable.
3) La région bordelaise, ses vignes et ses bords de mer
La réserve ornithologique du Teich
Magnifique espace naturel préservé, aménagé pour accueillir les oiseaux sauvages et favoriser leur observation par le public. Une zone de 110 hectares indispensable lorsqu’on voit la vitesse à laquelle l’urbanisation grignote les derniers havres de paix de la côte atlantique. Ici boisements, roselières, prairies, marais maritimes et lagunes permettent aux oiseaux de se poser et conditionnent de ce fait leur présence dans la région. La réserve offre également de chouettes supports pédagogiques pour les enfants avec une exposition qui compare les becs et les pattes des oiseaux aux outils que l’on utilise quotidiennement (marteau, pince, scie, etc.) ou qui invite à reconnaître les traces des oiseaux dans le sable.
Les exploitations ostréicoles du bassin d’Arcachon
Le bassin d’Arcachon compte 23 ports et 315 exploitations ostréicoles. Saviez-vous qu’il faut 3 années de soins et de travail pour que la larve de l’huître atteigne sa taille commerciale? Un savoir-faire artisanal qui se transmet de génération en génération depuis le XVIème siècle, le commerce de l’huître connaissant un réel essor surtout à partir de la seconde moitié du 19ème siècle. Un patrimoine malheureusement menacé par le réchauffement climatique ces dernières années. Nous avons profité de notre passage dans la région pour aller manger un plateau de fruits de mer directement chez le producteur (la baraque à huîtres) dans le village de l’Herbe.
La dune du Pilat
La dune du Pilat, c’est un peu comme le Mont-Blanc… un paysage naturel impressionnant de par la force qu’il dégage, dont plus d’un homme a rêvé de faire l’ascension mais qui, une fois devenu « autoroute des vacances », perd de sa superbe et de son intérêt. En d’autres mots, je ne bouderai pas le plaisir que j’ai eu à grimper en haut de cette dune impressionnante et à admirer le paysage qu’elle domine mais je me réjouis de ne pas avoir vécu l’expérience en pleine saison. L’immense parking de voitures et les boutiques de souvenirs m’ont laissé un goût amer. Je n’imagine même pas la déception si j’avais dû faire la file pour atteindre le sommet. Je garderai surtout en tête le bonheur ultime de mes enfants, celui de se laisser rouler dans le sable et de mettre ses pieds dans l’eau, de descendre la dune à toute vitesse et de ramener des trésors faits de coquillages, de bois floté et de grains de sable. Je me souviendrai de la première rencontre de Lucien avec l’air marin et le sable qui colle, de sa panade boudée au profit du spectacle des mouettes et de sa frustration à ne pas pouvoir courir vers l’Océan avec son frère et sa soeur.
Les exploitations de vin
Passage obligé pour des vacances à Bordeaux : la visite d’une exploitation viticole dans la campagne bordelaise. Nous avions choisi de nous rendre dans le petit village de Saint-Emilion. Un peu par hasard, nous avions réservé la visite d’une exploitation située à quelques kilomètres de là, davantage pour sa disponibilité à la date que nous avions choisie que pour ses caractéristiques viticoles : le Château Coutet. Ce fut donc une bonne surprise lorsque nous avons découvert que son cahier des charges répondaient largement à nos préoccupations environnementales. En effet, les producteurs de vin font malheureusement partie des plus grands utilisateurs d’herbicides. C’est la raison pour laquelle nous privilégions dans nos achats à Bruxelles les vins issus de l’agriculture biologique. Ce fut donc une très bonne surprise quand nous avons réalisé que l’exploitation où nous nous trouvions n’avait jamais utilisé de produits chimiques sur ses terres depuis près de 400 ans (soit 14 générations). Un choix assumé qui engendre moins de productivité mais respecte la nature et la qualité des cépages cultivés. Une chouette découverte tant humaine que gustative pour un vin fruité à souhait. On n’a pas résisté du coup à ramener quelques bouteilles. Un souvenir de vacances avec un maximum de plaisir et un minimum d’impact sur la planète !

Vous l’aurez compris, Bordeaux est une ville où il fait bon vivre, qui nous a conquis et où on imaginerait bien s’installer en famille. Si vous cherchez une destination de vacances pour quelques jours ou que vous passez dans le coin, n’hésitez vraiment pas à faire le détour. Vous ne serez pas déçus !